A un mois des élections législatives italiennes, l'activité
satirique en ligne bat son plein.
Silvio Berlusconi, sur
www.votaberlusconi.it |
Des
photos parodiant les affiches de campagne se sont multipliées
sur la Toile de la péninsule et circulent rapidement sur les
messageries électroniques. Silvio Berlusconi est la cible
préférée des internautes, qui se moquent des retouches
grossières effectuées sur les affiches officielles du candidat
surmédiatisé, rajeuni de 20 ans pour l'occasion. Le slogan "Un
million d'emplois pour tous" devient ainsi "Un million de
cheveux pour tous", sur une affiche représentant un Berlusconi
dont la calvitie a disparu sous une épaisse chevelure. Mais la
majorité de ces images satiriques évoquent les démêlés du
candidat avec la justice et ses liens avec la mafia. "Pour une
école qui prépare au futur : Internet, Entreprise et Anglais"
est transformé en "mis en examen, perquisitionné et
impuni".
Ou
encore : "nous votons Berlusconi car il sait comment nous
trouver du travail" affirment, sur une autre affiche détournée
de son sens initial, deux mafieux.
Ces photos satiriques rencontrent un succès important. Le
site de Mark Bernardini, qui recense près de mille affiches
parodiques de Berlusconi, a ainsi attiré plus d'un million de
visiteurs. L'impact de ces images satiriques est tel que
certains candidats ont fini par les intégrer dans leur
stratégie de communication. M. Berlusconi a ainsi organisé un
concours d'affiches parodiques sur son site Internet. Mais il
a pris soin de censurer toutes celles qui évoquent son passif
judiciaire ou ses rapports avec la mafia. Anne Marijnen,
auteur d'une étude intitulée "la résistible ascension de la
e-satire : les élections italiennes de 2001", souligne
l'habileté de sa démarche. Confronté au même problème, George
W. Bush avait assigné en justice les auteurs d'un site qui le
tournait en dérision. Aux antipodes de l'effet recherché par
l'équipe républicaine, la fréquentation du site du détracteur
avait alors considérablement progressé.
"Les sites satiriques s'institutionnalisent et
organisent peu à peu de véritables contre-campagne en
ligne" analyse Anne Marijnen. C'est le cas de berluscastop.it,
un portail qui répertorie entre autre le casier judiciaire et
les mensonges de M. Berlusconi. La parodie se
prendrait-elle au sérieux ?
Constance
Baudry